D’où vient le bonheur?
Le bonheur, être heureux, le sens de la vie. Les tentatives pour tenter de comprendre, de décrire ou de déterminer ce qu’est le bonheur n’est pas un phénomène nouveau. Déjà dans la Grèce antique, Aristote considérait la recherche de la vérité comme le moyen ultime de s’approcher du bonheur.
De nombreux autres courants philosophiques ont suivi tels que l’eudémonisme, l’hédonisme et l’épicurisme, pour ne nommer que ceux-ci. Les philosophes au cours de l’histoire ont proposé différentes conceptions du bonheur, tous inspirés par la culture dominante de leur époque ou de leur propre ressenti, c’est-à-dire, en décrivant leur propre expérience du bonheur.
Qu’est-ce que le bonheur?
Selon Wikipédia, le bonheur est un état durable de plénitude et de satisfaction, état agréable et équilibré de l’esprit et du corps, d’où la souffrance, l’inquiétude et le trouble sont absents. Arrêtez-vous ici et relisez cette définition. Prenez ensuite deux minutes pour réfléchir à des moments de votre vie où vous avez déjà été dans un état durable de plénitude sans inquiétude et sans trouble. Certainement à l’enfance, en vacances ou dans certains moments de votre vie adulte.
Le problème avec cette définition est l’état de durabilité. Pensez-y, une vie humaine c’est long. Il y a beaucoup de merveilleux, mais elle est aussi remplie d’épreuves et d’imprévus. Lorsque je rencontre des clients en psychothérapie, il m’est fréquent d’entendre : « je ne comprends pas, on a tout pour être heureux », ou encore, quand ils sont questionnés sur leur but de vie, les clients mentionnent sans aucune hésitation : « le but dans la vie, c’est d’être heureux ».
Êtes-vous à la recherche du bonheur à tout prix?
J’ai encore du mal à m’expliquer pourquoi nous en sommes venus à accorder une importance si grande au bonheur. Pourquoi nous imposons-nous d’être heureux à tout prix? Est-ce le fait de ne plus croire en Dieu et la promesse d’un paradis qui amène les gens à vouloir le vivre sur terre? Est-ce notre société moderne axée sur la consommation qui nous amène à en vouloir toujours plus? Plus d’argent, plus de temps, plus de loisirs, plus de beauté et plus, plus, plus de bonheur? Est-ce notre éducation? Des parents surprotecteurs qui sont prêts à tout pour éviter de faire vivre à leurs enfants des émotions désagréables? Quoi qu’il en soit, notre rapport avec le bonheur est devenu lui-même source de souffrance.
Et si je vous disais que le bonheur est un piège?
De mon côté, j’aborde la vie comme j’aborde la météo. Je sais que je ne peux pas contrôler la météo et que des périodes de beau temps sont parfois suivies d’intempéries. L’appréciation du beau temps est possible grâce aux jours plus sombres tout comme les périodes de bonheur sont possibles grâce à des périodes plus difficiles.
Chercher à être heureux à tout prix nous conduit tout droit vers le plus grand malheur. Pourquoi? La réponse se trouve dans la lutte. Le psychologue américain Ross Harris décrit bien ce phénomène dans son livre Le piège du bonheur. Selon l’auteur, notre quête du bonheur et les moyens que nous prenons pour y arriver finissent par nous rendre malheureux. Notre volonté d’être heureux à tout prix contribue à la recrudescence du stress, de l’anxiété et de la dépression.
Plusieurs études portant sur la thérapie de l’acception et de l’engagement viennent appuyer ses dires. Pour le psychologue Pierre Cousineau, le bonheur dans sa version idyllique n’existe pas. Il devient donc impossible de bâtir notre vie sur des illusions et du rêve.
Le secret du bonheur : qui sont ces gens heureux?
La psychologie nous permet maintenant d’identifier les processus internes qui nous causent souffrance. Ce qui est encore plus merveilleux, c’est que la psychologie propose d’autres processus pour se défaire de leur emprise.
À partir de maintenant, oubliez la pensée positive, la visualisation d’un idéal ou les gens qui vous proposent de renforcer votre estime personnelle pour qu’enfin vous puissiez être heureux.
Les gens heureux sont des gens qui acceptent la réalité, s’ouvrent à leurs émotions difficiles, ne fusionnent pas avec des pensées irréalistes, vivent le moment présent, sont ancrés dans leurs valeurs et agissent dans l’adversité afin de répondre à leur but de vie. Comme disaient nos grands-mères : « Le bonheur est dans les petites choses ».
Comment être heureux? 10 conseils de psy pour être heureux
Pour terminer, je vous présente dix facteurs (comportements, attitudes, croyances et pensées) qui permettent d’accéder à une vie significative selon un recueil de différentes recherches portant sur le bonheur :
1 | Soyez plus actif et demeurez occupé.
Trouvez des activités agréables, significatives, variées et valorisantes. Cela vaut la peine d’explorer plusieurs activités afin d’en avoir un éventail et de choisir les plus enrichissantes.
2 | Passez plus de temps à socialiser.
La télévision ne peut pas satisfaire notre besoin de contacts avec un autre humain. Nous avons besoin de voir des gens; c’est dans notre ADN.
3 | Partagez et aidez les autres.
Les relations intimes sont la première source de bonheur. Sur son lit de mort, qui demande une dernière fois à voir son compte en banque? La maladie et la mort nous confrontent aux valeurs essentielles de la vie, qui sont souvent les valeurs du cœur. Impliquez-vous socialement sous une forme de bénévolat ou de services rendus, ou aidez les gens de votre entourage. Faire du bien, ça fait du bien.
4 | Organisez-vous.
Que d’énergie de perdue dans le chaos! En planifiant et en conservant un certain ordre dans notre vie, il est plus facile de prioriser et de fragmenter nos différentes sphères de vie.
5 | Arrêtez de vous tracasser.
Arrêtez de vous torturer en remâchant des évènements du passé sur lesquels nous n’avons aucun pouvoir ou à anticiper des catastrophes qui ont peu de chances de se produire.
6 | Ajustez bien vos attentes et vos aspirations.
Ce n’est pas vrai que si on veut, on peut. Il faut donc réviser ses attentes et cesser de se demander l’impossible. Désirons l’accessible et acceptons la réalité.
7 | Soyez orienté vers le présent.
Il faut se concentrer sur la satisfaction présente de nos besoins fondamentaux plutôt que les désirs. Vivez en lien avec vos besoins relationnels, d’affirmation de soi d’autonomie et de célébration. Soyez là. Habitez votre vie. Maintenant.
8 | Développez une relation positive avec vous-même.
Certaines personnes se traitent comme si elles étaient leur pire ennemie. Traitez-vous comme un bon ami. Intéressez-vous à vos goûts, à vos intérêts, à vos besoins. Amenez-vous à des endroits agréables. Dites-vous des choses encourageantes. Vous êtes la seule personne avec qui vous êtes certain de passer le reste de votre vie.
9 | Développez une personnalité engageante.
Soyez dans l’action engagée. Risquez de vous tromper, de vous faire rejeter ou même d’égratigner votre égo. Rien n’arrivera si vous êtes en attente.
10 | Redéfinissez le bonheur.
Revoyez la conception même du bonheur. Vous n’aurez pas instantanément et sans effort la satisfaction complète de tous vos besoins. Mais vous pouvez, à chaque fois que l’occasion se présente, choisir l’option qui a le plus de chances de vous apporter une plus grande satisfaction dans la vie.
Nous en avons discuté et avons répondu à vos questions lors de l’émission Rendez-vous avec le psy vendredi midi 23 février dernier en direct sur la page Facebook de la Clinique de Psychologie de Québec.
Revoyez ci-dessous l’émission La course effrénée vers la quête du bonheur. L’émission commence à 1:30, n’hésitez pas à avancer directement jusque là. ?