Êtes-vous de ceux qui angoissent à l’approche de Noël ? Si vous avez répondu oui à cette question, sachez que vous n’êtes pas seul. En effet, selon un sondage mené par la compagnie française Amaguiz[1], 1 personne sur 3 estime vivre un fort niveau de stress à l’approche des fêtes. Chez les femmes, ce résultat grimpe encore de quelques pourcentages. Et cette tendance est à la hausse !
Hugues Simard, psychologue et propriétaire des Clinique de Psychologie Québec, le confirme : l’angoisse ressentie par plusieurs va au-delà des statistiques et se fraye un chemin jusque dans les bureaux des psychologues.
« Depuis plusieurs années, nous observons une augmentation marquée des demandes de consultation avant les fêtes. »
Hugues Simard, psychologue et propriétaire des Clinique de Psychologie Québec
Pourquoi tant de stress et d’angoisse face à cette période de retrouvailles et de festivités ?
Voici quelques explications :
Parce qu’on essaie de tout faire en même temps!
La période des fêtes de fin d’année est l’objet d’intenses préparatifs. Course aux cadeaux, organisation des repas, planification des activités et des visites dans la parenté. Bien souvent, les vacances, attendues avec impatience, sont surchargées d’obligations avant même d’avoir commencé. Noël est LA période de l’année où nous souhaitons célébrer, gâter nos proches et passer du temps de qualité avec eux. Or, à vouloir faire plaisir à tout le monde, on ne fait plaisir à personne.
Dans la balance de la culpabilité, l’envie simple de prendre un long bain chaud, de jouer dehors ou de paresser en pyjama est trop souvent évacuée au profit des tâches à accomplir et des soupers à engouffrer.
Certains d’entre nous appréhendent cette période pour des raisons plus personnelles. Bien que des questions légitimes se posent, le petit hamster dans notre tête s’active et nous entraîne dans son tourbillon de préoccupations qui nous éloigne du moment présent et de l’agrément lié à cette période de festivités.
Vais-je avoir le temps de tout préparer, en plus de terminer mes dossiers au travail ?
C’est la 1ère fois que la famille se réunit chez nous, comment ça va se passer ?
L’année dernière, il y a eu un conflit. Comment éviter que ça se reproduise ?
Je suis dans une situation de famille reconstituée, comment vais-je réussir à composer avec les enfants et les attentes de l’ex-conjoint(e) ?
Sans qu’on y prenne garde, Noël devient le réceptacle de nos souhaits, de nos aspirations et de nos appréhensions. Pour apprécier cette période de l’année à sa juste valeur, il faut essayer de concilier le tout. La façon d’y parvenir est personnelle à chacun.
Parce que la période des fêtes est une période polarisante
Noël est une période polarisante, tant du point de vue des festivités que du point de vue des émotions. Quand tout va pour le mieux dans notre vie, les agents stressants prennent le bord sans difficulté et on aborde la féérie des fêtes avec enthousiasme et joie. Or, quand nous vivons une période difficile pour quelques raisons que ce soit, cette période de l’année prend un autre sens. Elle alourdit encore davantage notre vie parce qu’on ne peut s’y soustraire.
Peut-être vous rappelez-vous le premier Noël avec votre amoureux, avec votre premier enfant ou vos premiers petits enfants. Quelle joie c’était de partager ces merveilleux moments ! À l’inverse, si vous songez au premier Noël faisant suite à la perte d’un être cher ou d’un divorce, fort probablement que ce souvenir vous sera douloureux.
Parce que la famille… pour le meilleur et pour le pire!
Malgré le nombre incalculable d’annonces publicitaires, de films thématiques, de revues ou de publications Facebook mettant en vedette des familles heureuses réunies le jour de Noël, la réalité est bien différente. En effet, pour plus du tiers des répondants au sondage1, les tensions familiales lors des retrouvailles en famille figurent en tête de liste des sources d’angoisse en lien avec la période des fêtes.
Relations tendues avec sa mère, commentaires inappropriés du père, peur de dire non à sa sœur, sensation d’être sous pression, beau-frère qui boit trop, belle-sœur parfaite, remarques sur notre manière d’éduquer les enfants ;
il y a autant de raisons de craindre ces rencontres qu’il y a de familles !
La douleur de l’enfant intérieur est une des raisons qui explique pourquoi on aborde Noël avec autant d’appréhension.
D’après Suzanne Michaud, travailleuse sociale et intervenante familiale, le fait de se retrouver en famille élargie nous ramène à notre place d’enfant :
« La réunion de famille nous rappelle le rôle que nous occupions lorsque nous étions enfants. Celui-ci détermine les comportements attendus sur lesquels l’enfant a construit son identité : l’emmerdeuse, le chouchou, la médiatrice, l’exclue, le sauveur, l’inquiet, pour ne nommer que ceux-ci. Or, quel que soit le rôle endossé par le passé, bien souvent la personne ne s’y reconnaît plus dans sa vie d’adulte. Se voir ainsi réduit à une place d’enfant dans un système qui n’a plus rien à voir avec ce que nous sommes peut générer une forte souffrance émotionnelle intérieure. »
Suzanne Michaud, travailleuse sociale et intervenante familiale
Cette souffrance conduit plusieurs personnes à se promettre de ne pas y participer l’an prochain. Or, le temps passe, le souvenir douloureux s’estompe et quand vient le temps des fêtes, ces mêmes personnes se prêtent de nouveau au jeu, car inconsciemment, leur enfant intérieur souhaite pouvoir enfin obtenir l’amour et la reconnaissance dont il aurait tant besoin.
Ce cycle inconscient d’appréhension, de peur, d’espoir et de déception se traduit alors par un sentiment d’angoisse qui se répète année après année.
4 trucs pour vivre la période des fêtes plus sereinement
1 | Respirer
On ne vantera jamais assez les bienfaits d’une respiration profonde et consciente, ancrée dans le moment présent. Respirer. S’arrêter quelques instants pour réfléchir aux festivités qui approchent et se poser les bonnes questions permet de se recentrer et de prendre un peu de recul par rapport à ce qui nous stresse.
« Qu’est-ce que le Noël à venir suscite en moi comme émotion ? »
Être en mesure de prendre un temps d’arrêt pour clarifier ses intentions et ses ressentis est un cadeau à s’offrir dès que l’angoisse commence à monter. Identifier avec bienveillance ses appréhensions familiales et les exigences qu’on a envers soi-même est un premier pas dans la bonne direction.
2 | Dire ce que l’on souhaite vivre
Prendre un temps avec ses proches, petits ou grands, pour échanger sur ce que l’on souhaite vivre à l’occasion de Noël permet de donner un sens plus personnel à la fête. À l’approche des fêtes, oubliez pour un temps les listes d’achats et de choses à faire et asseyez-vous ensemble pour discuter. Posez-vous cette question :
« Pour que notre Noël soit magique, qu’est-ce que chacun de nous aimerait vivre ?»
Les aspirations de chacun sont différentes. Il est important de reconnaître et de respecter cette différence dans l’organisation des festivités. Ainsi, chacun s’y sentira respecté et aimé.
3 | Prendre le temps de se féliciter
Le soir du réveillon, au moment d’accueillir les convives ou de se rendre chez la parenté vêtu de ses plus beaux atours, prenez le temps de vous remercier pour toute l’énergie investie dans les préparatifs. Trop souvent, on oublie ce simple geste de reconnaissance envers soi-même.
4 | Faire preuve de bienveillance envers soi-même
Rien n’est jamais parfait.
Certains convives seront peut-être déçus parce que vous avez laissé tomber le traditionnel échange de cadeaux. Il se peut qu’une vieille chicane ressurgisse, que la dinde soit trop cuite, ou le vin, bouchonné. C’est peut-être une cousine qui jugera votre habillement ou la manière dont vous gérez le temps d’écran de vos enfants, etc.
Peu importe la situation, rappelez-vous que vous avez fait de votre mieux, avec tout votre cœur. Remémorez-vous ce que vous souhaitiez vivre comme Noël, choisissez de porter votre regard sur les moments agréables et satisfaisants pour vous.
En conclusion…
Les raisons d’angoisser à l’approche des fêtes sont nombreuses. On ne peut les faire disparaître par un coup de baguette magique, mais on peut décider comment les aborder. À travers le brouhaha incessant, il importe de ne pas se laisser envahir par toute cette excitation et apprendre à se recentrer sur soi. La joie que vous tirerez de cette période de l’année est proportionnelle à votre capacité à vous réjouir de ce qui est, pour vous-même, sans regretter ce qui n’est pas ou n’est plus.
« Celui qui n’a pas Noël dans le cœur ne le trouvera jamais au pied d’un arbre. »
ROY LEMON SMITH
Joyeux temps des fêtes de toute l’équipe de la Clinique !
Références :
[1] [2] https://www.amaguiz.com/noel-joie-stress-pour-francais