« L’anxiété n’est pas un danger, mais un système d’alarme devenu hypersensible. »
Judith Beck, psychologue
Je vous raconte une scène. Une amie m’écrit : « Mélissa, elle est revenue. » Depuis quelque temps, elle a décidé de donner un nom à sa crise de panique : « Mélissa », portant le nom d’un ouragan s’étant formé en Atlantique du Nord en octobre 2025. Quand « Mélissa » arrive, le cœur cogne, l’air manque, la tête bourdonne.
Et pourtant, une chose compte : on peut apprivoiser « Mélissa », en dansant avec elle au rythme du vent.
« Et si la crise de panique n’était pas un danger, mais un signal à décoder ? »
Dans la grande majorité des cas, les crises de panique disparaissent avec un accompagnement adéquat. Les approches thérapeutiques n’ont pas « d’hiérarchie » absolue en efficacité ; en revanche, les techniques cognitivo-comportementales sont souvent très utiles pour faire reculer le symptôme rapidement. Tout thérapeute — quelle que soit son orientation théorique — peut s’en servir. Ensuite, on travaille le sens : pourquoi ces crises sont venues et comment prévenir les rechutes.
La crise de panique
Une crise de panique est une poussée brutale et intense de peur avec des manifestations corporelles marquées : tachycardie, souffle court, sueurs, tremblements, vertiges, impression d’irréalité, parfois douleur thoracique. On craint un infarctus ou « de mourir maintenant ».
Quand le corps s’active
Sur le plan physiologique la crise de panique correspond à une activation très rapide du système d’alarme du corps, souvent appelée réponse « combat ou fuite ». Le cerveau perçoit un danger et envoie le signal de libérer des hormones de stress, comme l’adrénaline, Voici ce qui peut se produire :
le cœur s’accélère pour pomper le sang,
la respiration s’emballe pour apporter plus d’oxygène aux muscles,
les mains deviennent moites,
la vision peut se brouiller.
« Tout cela est impressionnant, mais il s’agit d’un mécanisme normal de protection : le corps se prépare à réagir, il n’est pas en train de « lâcher. »
Message rassurant
Même si la crise peut être déclenchée par un niveau d’anxiété déjà élevé, elle atteint en général un pic en quelques minutes avant de redescendre d’elle-même. Savoir que cette réaction est temporaire, limitée dans le temps et non mortelle permet déjà de rationaliser les symptômes : la personne a très peur, mais elle n’est pas en train de faire un arrêt cardiaque ou d’atteindre la folie.

Pourquoi survient-elle ?
Souvent, la panique naît lorsque notre système d’alarme interprète comme dangereuse une situation – parfois réellement menaçante, parfois seulement perçue comme telle sous l’effet de l’anxiété. Voici le cercle vicieux qui s’installe : peur, symptômes, évitement, peur renforcée. Sous la surface, on repère fréquemment des tensions internes :
Le sens derrière la panique
À cela s’ajoutent les stresseurs forts (deuils, pertes, déménagements, trauma), et des déclencheurs (lieux clos, foule, sensations corporelles) qui résonnent avec notre histoire. D’où l’importance de traiter à la fois les symptômes (c’est-à-dire les sensations subjectives ressenties) et le message qu’ils portent.
« Quand la panique frappe comme une tempête intérieure, apprendre à respirer peut tout changer. »

La trousse SOS panique ! Outils pour traverser la crise
1 | Respiration profonde
- l’hyperventilation est un symptôme d’attaque de panique, la respiration profonde aide à calmer Mélissa. Inspirez par le nez sur 4 temps, pause 1, expirez par la bouche sur 4. Répétez 2-3 minutes pour freiner l’hyperventilation.
2 | Reconnaître la crise
- « C’est une panique, pas un infarctus. Elle est temporaire et va passer. » Nommer Mélissa, c’est déjà la rendre moins puissante et comprendre que, si elle est là, c’est qu’elle veut notre attention.
3 | Ancrage pleine conscience (5-4-3-2-1)
- étant donné que les attaques de panique peuvent provoquer un sentiment de détachement ou de séparation de la réalité, nommez 5 choses que vous voyez, 4 que vous touchez, 3 que vous entendez, 2 que vous sentez, 1 que vous goûtez. Le corps va s’ancrer dans le ici-et-maintenant.
4 | Méditation ou auto-hypnose
- quelques minutes d’attention portée à la respiration, à un mot-clé ou à une image apaisante peuvent aider à diminuer l’activation physiologique. Certaines personnes trouvent aidant d’écouter un enregistrement guidé (méditation, auto-hypnose) préparé à l’avance pour les moments plus difficiles.
5 | Objet de focus
- fixez un repère (aiguille d’horloge, motif d’un rideau) et décrivez mentalement sa couleur, sa forme, son mouvement.
6 | Relaxation musculaire
- contractez puis relâchez, des mains jusqu’aux épaules, au visage, au tronc, aux jambes. Le corps apprend la sortie de l’alerte.
7 | Image-ressource
- fermez les yeux et allez dans un lieu sûr (plage, forêt) ou vers une figure apaisante (une grand-mère, un souvenir tendre). Activez la sensation agréable.
8 | Exercices simples
- La marche est douce et inonde en même temps le corps d’endorphines permettant de pomper tout de suite notre sang. Cela peut améliorer notre humeur. Par contre, si vous hyperventilez, revenez au point 1.
9 | Mantra
- répétez en boucle une phrase courte : « Je respire, la vague passe », « Ici, je suis en sécurité ». Le cerveau suit le rythme des mots.
10 | Lavande à portée de main
- la lavande a des propriétés apaisantes aidant le corps à se détendre. Un flacon d’huile essentielle de lavande est petit et facile à transporter avec vous. Respirez le parfum et soulagez-vous.
Important
N.B. Sans être exhaustive, la trousse présentée ici a pour but de vous outiller. Il revient à vous d’identifier ce qui vous ferait du bien et qui s’adapte à vous.
Quand la tempête s’apaise
« Mélissa » impressionne, mais elle n’est pas toute-puissante. Les outils ci-dessus calment l’ouragan ; la thérapie, elle, apprend à « lire le ciel » : comprendre pourquoi la tempête s’est levée, réorganiser ses priorités, apprivoiser les passages de vie, s’appuyer sur ses liens.
Avec un accompagnement adapté, les crises de panique reculent, souvent vite ; et l’on retrouve ce qui compte : du souffle, de l’espace, et le sentiment – précieux – d’avoir repris les rênes.

